Aucune Autorité : Alfredo Antoine et sa Brigade Armée de 500 Hommes à Kenscoff

 



            


En pleine crise sécuritaire en Haïti, où l'État peine à assurer la protection des citoyens face aux gangs armés, une initiative pour le moins controversée prend forme à Kenscoff. Alfredo Antoine, ancien député, a annoncé la création d'une brigade privée de 500 personnes pour protéger les périmètres de la commune. Mais cette initiative soulève de nombreuses inquiétudes : un simple citoyen peut-il distribuer des armes et des munitions aux civils sans aucun encadrement des autorités ?


Dans un pays où l'insécurité domine l'actualité, l'idée de former une force de protection locale peut sembler séduisante pour certains habitants. Alfredo Antoine affirme vouloir sécuriser Kenscoff face à la menace des gangs qui ravagent plusieurs régions du pays. Toutefois, la question se pose : comment garantir que ces 500 individus ne deviendront pas eux-mêmes une menace pour la population ?


Haïti a déjà connu des expériences similaires, où des groupes armés, censés assurer la sécurité locale, ont fini par basculer dans la violence et l’illégalité. Sans contrôle strict, une telle brigade pourrait facilement se transformer en un groupe paramilitaire échappant à toute autorité.


L’un des aspects les plus préoccupants de cette initiative est la question des armes et des munitions. La distribution de matériel militaire à des civils est strictement encadrée par la loi en Haïti. Qui fournit ces armes ? D’où viennent-elles ? Existe-t-il une supervision officielle ou s’agit-il d’un armement clandestin ?


Si l’État laisse faire, cela pourrait ouvrir la porte à une prolifération incontrôlée d’armes, aggravant encore plus l'insécurité au lieu de la réduire. À ce jour, la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’a pas officiellement réagi à cette annonce.


La plus grande crainte reste la possibilité que cette brigade devienne, à terme, une nouvelle force incontrôlable. L’histoire récente d’Haïti a déjà montré que des groupes armés, formés initialement pour protéger certaines zones, se sont parfois transformés en factions criminelles. Comment être certain que ces 500 personnes ne rejoindront pas des gangs ou ne seront pas utilisées à des fins politiques ?


En l’absence d’un cadre légal clair et d’un suivi rigoureux, cette initiative pourrait non seulement renforcer l’instabilité, mais aussi créer une nouvelle force parallèle échappant au contrôle des institutions officielles.


Face à cette annonce, la population de Kenscoff est divisée. Certains y voient une lueur d’espoir face à l’incapacité de l’État à garantir la sécurité, tandis que d’autres s’inquiètent du danger potentiel d’un groupe armé non réglementé.


Les autorités, elles, restent pour l’instant silencieuses. Pourtant, une telle initiative ne peut être ignorée. La PNH et le gouvernement doivent rapidement clarifier leur position et prendre des mesures pour éviter que cette brigade ne devienne une nouvelle source d’insécurité.


Si l’intention d’Alfredo Antoine est véritablement d’assurer la sécurité de Kenscoff, il devrait le faire en collaboration avec les autorités et non en parallèle de celles-ci. Sans cadre légal, sans supervision stricte et sans garanties sur l’usage des armes distribuées, cette initiative ressemble davantage à une bombe à retardement qu’à une solution durable contre l’insécurité.


L’État haïtien, déjà fragilisé, peut-il se permettre de voir émerger une nouvelle force armée indépendante ? L’histoire montre que de telles expériences ont rarement conduit à la paix et à la stabilité.




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